Le cliché

Qu'est-ce que le cliché?

Si on prend le mot à la racine, le cliché est UNE IMAGE. Le mot cliché provient en effet du cliché photographique, l'image fixe qui résume à elle seule une idée, un moment.

Le cliché est une idée ou une formule courante qui, à force d'être répétée, en est venue à jouer le rôle d'une étiquette reconnue par tous.

La représentation classique de la mort
est devenue un cliché
Quelques exemples.

Dans la culture populaire, on représente souvent des concepts abstraits par des clichés. Ainsi, le bon Dieu (chez les occidentaux) est souvent représenté par un vieil homme à la barbe blanche perché sur un trône parmi les nuages. De même, la mort est personnifiée par un spectre noir portant une faux. Ce sont des clichés, des images immédiatement reconnaissables qui, si elles pouvaient être ingénieuses à l'origine, on perdu de leur originalité à force d'être répétée. 

Les images clichées sont certes utiles, et souvent utilisées en caricature humoristique et dans les contes pour enfants. Elles possèdent une force incontestable lorsqu'elles servent à illustrer efficacement un concept abstrait. Mais l'utilisation du cliché représente une simplification dont il faut être conscient. L'artiste qui représente la mort par un spectre noir encapuchonné armé d'une faux dans un tableau ne fait que reproduire un cliché, aussi appelé lieu commun.



Le cliché ne concerne pas que les idées abstraites. Beaucoup de personnages ou de faits historiques sont représentés aujourd'hui par des clichés. Ils deviennent ainsi des stéréotypes. Que l'on pense, par exemple, à l'image du pirate. Il est presque toujours représenté (en dessin ou au cinéma) par ses attributs caractéristiques: jambe de bois, barbe, chapeau, perroquet sur l'épaule, crochet en guise de main, etc. Selon toi, combien de pirates qui ont vraiment existés ressemblaient vraiment à cette caricature?

Songe au moyen-âge, qui est idéalisé aujourd'hui par des images contradictoires: d'un côté, des images romantiques: chevalier en armure, princesse prisonnière de sa tour, roi à la barbe d'or, etc. De l'autre, des visions glauques de prisonniers enfermés dans des donjons et de cités malpropres écrasées par le pouvoir de l'Église. Le véritable moyen-âge était en vérité plus complexe que cette énumération de clichés.

Pourquoi est-ce important de savoir reconnaître un cliché?


Comme le démontre les exemples plus haut, le cliché est en soit réducteur. Il dépouille une idée complexe de ses nuances et tend à simplifier la réalité. Les images clichées sont donc trompeuses. Elles proviennent de généralisations et d'exagérations qui témoignent des préjugés ou de l'ignorance de ceux qui les utilisent. La tentation d'utiliser le cliché a souvent à son origine la volonté de faire une BELLE IMAGE. Cependant, bien que les couchés de soleil et les montagnes enneigées sont des réalités très belles à voir, en image, cela est devenu banal à force de répétition.

Le cliché agit comme un symbole, un signe facilement reconnaissable. On a qu'à penser à la façon dont dessinent les petits enfants: le soleil, les nuages, les arbres et la maison sont des signes que tous les enfants reproduisent de la même façon. Pourtant, le soleil n'a pas de rayons visibles et les maisons ne sont pas de simples cubes surmontés de triangles. 

Voilà pourquoi les artistes évitent les clichés: ce sont des images qu'on a vu trop souvent, et qui voilent la vérité des choses.
Le cliché du français:
baguette, béret et vêtu
des couleurs de la France.


Pour se convaincre du danger d’utiliser trop souvent les mêmes images, on a qu'à penser aux clichés véhiculés par les blagues racistes ou sexistes. Elles entretiennent des généralisations qui finalement, ne s'appliquent jamais à l'ensemble du groupe visé. Affirmer une généralité, répandre un cliché, c'est choisir d'entretenir un stéréotype : un préjugé, une vision simpliste du monde où il y a des bons et des méchants, des beaux et des laids, EUX et NOUS.

D'où l'importance pour les artistes de faire des images neuves qui traduisent la complexité du monde réel et d’éviter le cliché, sauf pour dénoncer le caractère ridicule du cliché.