PROPORTION: combinaison des différents rapports, des dimensions relatives entre les parties et le tout.
CANON (Beaux-Arts) : Norme de proportionnalité appliquée à la figure et au corps de l'homme et déterminant le type idéal de la perfection physique.
On convient généralement que savoir bien dessiner, c'est être capable de reproduire, dans d'exactes proportions, ce que l'on voit.
En art, toutefois, le respect des proportions réelles n'a pas toujours été la norme. On a qu'à voir comment, dans la peinture antique égyptienne ou dans l'art du moyen âge, les artistes mettaient plutôt de l'avant une représentation symbolique qui visait à refléter la hiérarchie de leurs sociétés.
Ce n'est qu'à la renaissance qu'une prétention à l'objectivité pris définitivement le dessus sur le symbolisme et que l'on chercha à mesurer le corps humain sur toutes ses coutures. Ces recherches, menées par les artistes autant que par les mathématiciens conduisirent à établir un idéal esthétique qui est toujours en vigueur aujourd'hui.
Les ordres de grandeur dans l'art égyptien. |
La taille des personnages dans cette oeuvre du moyen âge révèle leur importance symbolique. |
En art, on confond souvent le sens des mots proportions et canon. Le canon de beauté est un idéal de beauté, qui varie un peu selon les époques. Car on est bien forcé de constater que dans la réalité, les hommes et les femmes ne ressemblent pas tous à ça:
Léonard de Vinci a été l'un des premiers à mesurer le corps humain sous toutes ses coutures. L'homme de Vitruve est l'illustration d'un corps qui respecte selon lui les proportions idéales du corps humain. Très rapidement, ces rapports de proportions sont donc devenus un CANON à respecter en art.
L'homme de Vitruve |
De Vinci basait ses savants calculs de proportions sur l'observation de la nature, mais aussi sur les travaux d'un autre Leonardo, Leonardo Fibonacci, un mathématicien italien du 13ième siècle, qui identifia ce qu'on désignera par la suite de Fibonacci, une célèbre suite de nombres entiers à laquelle Fibonacci était arrivé en tentant de comprendre le rythme de reproduction des lapins!
Dans cette suite, chaque chiffre correspond à la somme des deux nombres précédents:
0
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1
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1
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2
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3
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5
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8
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13
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21
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34
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55
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89
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144
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233
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377
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610
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987
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La suite ne s'arrête pas là. Elle se poursuit à l'infini, comme le font d'ailleurs les nombres dans cette science que l'on appelle les mathématiques!
Là où la suite de Fibonacci intéresse l'artiste, c'est qu'elle génère de nombreux rapports de formes harmonieux, qui s'exprime visuellement dans une spirale sans fin construite à partir de carrés qui correspondent à chaque nombre de la suite.
La suite de Fibonacci sera qualifiée de magique, puisqu'elle se retrouve partout dans l'observation de la nature: le corps humain, bien sûr, mais aussi les fleurs, les coquillages, et même la queue du caméléon!
Un rapport de proportion que l'on qualifia bientôt de divin, puisqu'on crut y voir la preuve de la présence d'un grand architecte derrière la création. La divine proportion, ce n'était rien de moins que la marque de Dieu!
Cette divine proportion, que De Vinci (et les artistes qui suivront) appliquera à la représentation du corps humain, deviendra elle-même un canon en peinture, mais aussi en sculpture et en architecture, que l'on appellera le NOMBRE D'OR.
En 1943, l'architecte français Le Corbusier mettra au point le Modulor. Ce nouveau mot, composé à partir des mots "module" et "nombre d'or" désigne une silhouette humaine standardisée servant à concevoir la structure et la taille des unités d'habitation. Elle devait permettre, selon Le Corbusier, un confort maximal dans les relations entre l'homme et son espace vital.
Directement lié à la morphologie humaine, le modulor était plus adapté à l'architecture, selon lui, que l'actuel système métrique, qu'il espérait voir disparaitre. En effet, les proportions fixées par le modulor sont directement liées au nombre d'or. Par exemple, le rapport entre la taille (1,83 m) et la hauteur du nombril (1,13 m) moyennes est égal à 1,619, soit le nombre d'or à un millième près.
Cette divine proportion, que De Vinci (et les artistes qui suivront) appliquera à la représentation du corps humain, deviendra elle-même un canon en peinture, mais aussi en sculpture et en architecture, que l'on appellera le NOMBRE D'OR.
En 1943, l'architecte français Le Corbusier mettra au point le Modulor. Ce nouveau mot, composé à partir des mots "module" et "nombre d'or" désigne une silhouette humaine standardisée servant à concevoir la structure et la taille des unités d'habitation. Elle devait permettre, selon Le Corbusier, un confort maximal dans les relations entre l'homme et son espace vital.
Directement lié à la morphologie humaine, le modulor était plus adapté à l'architecture, selon lui, que l'actuel système métrique, qu'il espérait voir disparaitre. En effet, les proportions fixées par le modulor sont directement liées au nombre d'or. Par exemple, le rapport entre la taille (1,83 m) et la hauteur du nombril (1,13 m) moyennes est égal à 1,619, soit le nombre d'or à un millième près.
Le Modulor de Le Corbusier est toujours utilisé aujourd'hui par les architectes. |
Si le nombre d'or vous intéresse, j'ai déjà publié quelques articles à ce sujet, dont un amusant et instructif petit film produit par Walt Disney! Sous la rubrique mathématiques, vous découvrirez également d'autres affinités entre les maths et les arts.
Ce détour dans l'univers fascinant des mathématiques nous permet de comprendre pourquoi tant d'artistes ont respecté certains canons au cours des siècles. Il ne faut pas oublier cependant qu'aujourd'hui, l'harmonie et l'équilibre ne sont plus nécessairement synonymes de beauté.
Proportions d'une tête de vieillard, étude par Léonard De Vinci (1488) |
Le fameux "canon à huit têtes" désigne les proportions masculines idéales. Mais comme on peut voir ci-haut, ce calcul ne s'applique pas à tous. |
La beauté en art ne s'exprime pas toujours par le respect d'un canon, mais par l'observation des proportions réelles d'un corps. |
Un raccourci célèbre: Lamentation sur le Christ mort par Andrea Mantegna (1490) |
Ci-dessous, une petite animation illustre les déformations qu'exercent le raccourci sur la grille de proportions du corps humain.
En terminant, il est utile de rappeler que ces théories sur les proportions seront, à l'époque moderne, remisent en question en tant que critère d'appréciation d'une oeuvre d'art. Peintres et sculpteurs voudront déconstruire le corps et donner la primauté à la vison subjective des artistes. Les déformations opérées sur l'anatomie humaine par les expressionnistes et les cubistes deviendront alors un moyen expressif de traduire une émotion ou une idée.
Les demoiselles d'Avignon de Pablo Picasso (1907) et ses scandaleuses déformations anatomiques choquèrent les critiques et inspirèrent plusieurs artistes. |