On peut faire remonter la petite histoire du modeste crayon de «plomb» à l’Empire romain, alors que des tiges de plomb étaient utilisées par les scribes pour écrire sur le papyrus. À la même époque, le graphite, une variété de carbone cristallisé formée de carbone presque pur, pouvait être utilisé dans le même but et présentait l’avantage de laisser une marque plus noire sur le papier. Mais ce n’est qu’à partir de 1564, avec la découverte d’un dépôt très pur à Borrowdale, en Angleterre, que le graphite a été utilisé à grande échelle. À ce moment-là, on croyait que le graphite était une variété de plomb et on l’appelait plombagine.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la nature exacte du graphite a été déterminée par le chimiste suédois Carl Scheele (1779), et son nom définitivement établi d’après le grec grafein, qui signifie «écrire». Les encres étaient déjà disponibles et utilisées couramment.
Originalement, le graphite était enveloppé de diverses façons pour l’empêcher d’éclater, puisque c’est un matériau friable, et prenait déjà la forme d’un crayon. La poudre de graphite était souvent mélangée avec des liants, ce qui permettait d’utiliser des gisements de moindre qualité. Jusqu’à l’invention, en 1795, en pleine Révolution française, du chimiste Nicolas Conté, qui consistait à mélanger le graphite avec de la glaise et de l’eau, invention qui perdure encore aujourd’hui.
En effet, le graphite est aujourd’hui mélangé avec de la glaise et finement broyé dans une rotative qui contient des granulats. Après un processus qui dure plusieurs jours, où de l’eau est ajoutée, enlevée puis de nouveau ajoutée, la pâte molle du mélange de graphite, de glaise et d’eau est extrudée à travers une buse pour former la fine tige que nous utilisons, appelée le «plomb» (un peu comme la pâte à spaghettis est extrudée pour donner la tige que nous mangeons) qui est durcie à une température d’au moins 1000° C et rendue ainsi plus lisse. Du noir de carbone est souvent ajouté pendant l’opération pour noircir le composé. Les crayons sont fabriqués à partir de blocs de bois qui sont simplement usinés pour former des rainures dans lesquelles les «plombs» sont insérés. Un deuxième bloc est placé sur le premier, collé et les crayons individuels coupés.
La tradition de peindre en jaune les crayons, qui se poursuit même aujourd’hui, date du milieu du XIXe siècle lorsqu’une mine de graphite très pur a été découverte à la frontière de la Russie et de la Chine par le français Jean-Pierre Alibert. La couleur jaune était utilisée pour indiquer la source du graphite de ces crayons. L’habitude nord-américaine d’y ajouter une gomme à effacer date de 1858, mais il semble que cela ne se fasse généralement pas en Europe.
La dureté de plomb est indiquée par un chiffre, qui varie de 1 à 9; plus le chiffre est élevé, plus le plomb est dur. On utilise aussi, dans le même but et de façon souvent simultanée, la lettre H pour indiquer la dureté (hard), la lettre B pour la saturation en noir (blackness) ou des combinaisons telles que HB, pour dur et noir, ou HH, qui est très très dur. On verra aussi le E qui désigne Extreme blackness et qui est très gras, et le F pour Fine, une mine fine et plus dure que le classique intermédiaire HB.
Échelle de 19 degrés du plus gras et noir jusqu'au plus dur et pâle:
E | 7B | 6B | 5B | 4B | 3B | 2B | B | HB | F | H | 2H | 3H | 4H | 5H | 6H | 7H | 8H | 9H |
mines grasses | normales | mines dures |
Revenons à notre question initiale : combien de plomb dans les 8,4 milliards de crayons de plomb fabriqués annuellement? Évidemment, ils n’en contiennent plus depuis longtemps, pour la joie des écologistes… et des élèves.
Source: http://robinrousseau.tripod.com/crayon.htm