Quiconque désire apprendre à dessiner est à la recherche de trucs efficaces, simples, infaillibles. On envisage souvent l'étude des proportions sous cet angle. En mémorisant les mesures du visage et du corps humain, on sera capable de les dessiner habilement. Disons-le d'emblée: il est vrai que les proportions représente une base utile (et même essentielle) pour dessiner un visage. Il est également vrai que cela comporte un piège...
Dessiner un visage, c'est effectivement une question de mesures. Il existe plusieurs façons de mesurer les proportions d'un visage, et quelques canons de beauté nous imposent un carcan idéal à suivre. Sur les détails des proportions du corps humain, voyez plutôt l'article
Canons et proportions.
PROPORTION: combinaison des différents rapports, des dimensions relatives entre les parties et le tout.
CANON
(Beaux-Arts) : Norme de proportionnalité appliquée à la figure et au
corps de l'homme et déterminant le type idéal de la perfection physique.
Voyons d'abord quels sont les mesures idéales du visage selon le canon le plus utilisé.
Lignes horizontales:
On remarque que les yeux divisent le visage en deux parties. Souvent, on les dessinent trop haut, puisqu'on ne considère pas le sommet du crâne comme faisant partie du visage. Il est donc important de dessiner LA FORME DE LA TÊTE en premier. On dessinera la chevelure plus tard.
Si on s'attarde à la portion inférieure du visage (des yeux au menton), on se rend compte que le bout du nez se trouve exactement à mi-chemin. La bouche occupe le tiers supérieur de l'espace entre le nez et le menton.
Lignes verticales:
Des lignes verticales nous informent de l'espace occupé par les yeux. On remarque que l'espace entre les yeux, de même que les espaces entre les limites du visage et les yeux correspondent toujours à la même mesure. Donc, pour l'exprimer autrement: on peut faire entrer cinq yeux dans la largeur
d'un visage idéal.
Les narines sont de la même largeur que l'espace entre les yeux.
Deux lignes descendent du centre de chaque oeil jusqu'aux commissures des lèvres (qui déterminent la largeur de la bouche). C'est donc à dire que la bouche
idéale est aussi large que la distance entre la pupille des yeux.
Voilà pour l'idéal de beauté selon les artistes et les chercheurs.
Ces lignes forment un masque qui peut effectivement être superposé sur des visages objectivement considérés beaux par une majorité de gens.
C'est donc que que la beauté, telle que nous l'entendons, correspond à une certaine RÉGULARITÉ GÉOMÉTRIQUE DES TRAITS. Est-il nécessaire de souligner qu'heureusement, les humains ne se jugent pas
que par leurs traits, mais aussi par leur personnalité? C'est pourquoi la beauté restera toujours relative: nous n'avons pas tous les mêmes goûts et les qualités d'autrui comptent autant que son aspect extérieur.
Lorsqu'on dessine un visage par observation, ces proportions servent donc d'outil de référence. Ces mesures sont utiles pour constater que notre modèle a, par exemple, un plus petit nez que la moyenne des gens ou une grande distance entre les yeux. Ce sont ces petits détails qui feront que notre portrait est ressemblant.
Si l'utilisation d'une grille de mesure qui détermine ce qui est supposé être beau peut rassurer les dessinateurs en herbe, elle peut engendrer chez certains un malaise: celui de participer à répandre un modèle unique. De ce constat, il n'y a qu'un pas, selon certains, vers les théories eugénistes des nazis. Calmons-nous. Soyons réalistes: même bien avant les grecs, la beauté et la laideur ont préoccupé les hommes et les femmes. Les canons de beauté varient selon les époques, et n'enlèvent pas à la beauté son mystère. La beauté, disait Beaudelaire, est toujours bizarre. Une façon de dire que la régularité géométrique parfaite n'est pas, paradoxalement, un idéal. La perfection peut ennuyer. La beauté, c'est parfois aussi l'émotion qu'inspire une faille, cet écart de la perfection que nous appelons
défaut.